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Dans l'ombre d'une enfance marquée par l'indicible, Justine (prénom modifié pour préserver l'anonymat de la survivante) a trouvé le courage de partager son récit, une histoire de persévérance face à l'adversité. Dès l’âge de 8 ans jusqu'à sa majorité, elle a été confrontée à des violences sexuelles insoutenables, un tourbillon de douleur causé par celui qui aurait dû être son protecteur, son père ! Cette dernière est tombée deux fois enceinte de son géniteur, ce qui occasionnera ses échecs scolaires.

Le tableau clinique que présentait Justine lors des entretiens psychologiques était très sombre, ayant entraîné plusieurs traits de souffrance psychosomatique.

«  Lors de notre premier entretien, je me souviens qu’elle n’a pas évoqué les violences sexuelles dont elle était victime. Elle se renseignait sur la loi Mouebara et ce qu’elle apporte comme  réconfort pour les victimes », se souvient Dr Génidole Moukengue, Psychologue Clinicien UNFPA en service à Kinkala qui a suivi le cas de Justine.

Pour Justine, son père n’est plus qu’un simple géniteur, une ombre sinistre de son passé. Au fil des années, la douleur s'est enracinée, et Justine a porté ce fardeau avec une force intérieure incroyable. Cependant, le moment décisif est arrivé lors d'une séance de sensibilisation sur les violences basées sur le genre dans son institut de formation. 

 

À la suite de cette rencontre cruciale, elle a osé se rapprocher du Dr Génidole Moukengue, cherchant réconfort et soutien psychologique.

" Aujourd'hui, je remercie le Docteur, car c'est grâce à lui que je peux m'exprimer et raconter mon histoire. Je lui dois ma réussite, même quand je voulais abandonner mes études, il a cru en moi et a été le père que je n’ai jamais eu. J’aurais aimé qu’il soit mon père biologique mais hélas!déclare la jeune fille.

Le chemin vers la guérison a été long et difficile, mais aujourd'hui, Justine est une diplômée prête à affronter le monde. Malgré les prétentions d'impunité de son bourreau, elle garde la foi en une Justice qui transcende l'humain.

« Je peux dire que la justice humaine a failli, car à ce jour, mon bourreau est en liberté après juste deux mois de détention. Je n’ai pas besoin d’argent, j'ai juste besoin de savoir que celui qui m'a agressé toute ma vie, quel que soit son statut social, est puni par la loi"», dit-elle d’un sourire las !

Son histoire résonne comme un appel poignant à la résilience et à la lutte contre l'impunité.

Dr Génidole Moukengue décrit le cas de Justine comme l'un des plus difficiles qu'il ait eu à traiter. Avec une expertise et une empathie inébranlable, il a guidé Justine à travers les méandres de son traumatisme, faisant émerger la lumière là où l’obscurité avait prévalu. Reconnaissant la ténacité de la jeune fille, il souligne le rôle crucial du soutien psychologique dans le processus de la guérison.

« Le soutien psychologique vise à proposer un déroulement harmonieux du traitement et une qualité de vie aussi proche que possible de celle qui existait avant. Ce soutien psychologique n’est pas un luxe, ni un complément du traitement : il constitue souvent la clef de la réussite d’un traitement harmonieux vers la guérison. Et c’est cela que nous avons fait avec cette patiente », nous explique t-il.  

« Le courage de Justine est une victoire sur les ténèbres. Traiter des cas aussi difficiles est une responsabilité que nous portons, car chaque histoire de survie est une victoire sur l’obscurité intérieure, conclut Génidole.

En appelant les autorités locales à agir, Justine souligne l'importance cruciale de la justice pour les victimes de violences sexuelles, un appel à l’action, un éveil de consciences sur la nécessité de combattre l’impunité et de donner aux victimes la voie vers la justice qu’elles méritent.

 

Le cas de Justine met en lumière le rôle déterminant des équipes humanitaires de l'UNFPA sur le terrain. Ces professionnels dévoués, incarnent l'espoir et la guérison pour ceux qui ont été brisés par la violence. Leur travail acharné et leur engagement envers les survivantes sont les piliers sur lesquels repose la reconstruction des vies déchirées.

(1) Le prénom de la survivante a été modifié pour des raisons d'anonymat.