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« C’est très fréquent de rencontrer des filles dans le camp qui flirtent avec des hommes pour de l’argent ; c’est ainsi que ça se passe ici et cela nous aide à couvrir nos besoins quotidiens, d’acheter de la nourriture ainsi que les fournitures scolaires, » a expliqué une jeune fille réfugiée de Centrafrique habitant dans le Camp 15 avril à Betou. 

Betou, un district du département de la Likouala, situé au nord de la République du Congo est depuis deux décennies un lieu d’accueil et de refuge pour les ressortissants des pays de la sous-région d’Afrique Centrale fuyant la guerre et d’autres conflits.

D’après les Nations Unies, près de 75 pour cent de la population mondiale des réfugiés est composée de femmes et d’enfants. Les femmes et les filles vivant dans des régions sujettes aux crises sont lésées de façon disproportionnée ; elles courent un risque accru face (i) à la transmission des IST, (ii) aux grossesses non désirées, (ii) aux maladies et décès liés à l’accouchement, et (iv)  aux violences basées sur le genre.

 
Les changements subis par le corps et l’apprentissage de la transition entre l’enfance et l’adolescence n’a jamais été facile, même dans un environnement paisible. C’est d’autant plus difficile de faire face à cette situation dans un camp de réfugiés. Des milliers de femmes vivent cette situation à travers le monde comme la trentaine de jeunes filles récemment rencontrées sous une tente érigée par l’UNFPA dans le camp des réfugiés « 15 avril » à Betou.

D’habitude, les filles se retrouvent sous la tente toutes les semaines pour discuter des questions relatives à la santé sexuelle et reproductive. A cette occasion, la majorité d’entre elles avaient moins de 18 ans d’âge parmi lesquelles cinq étaient déjà mères et quatre enceintes.

« Lorsque nous nous retrouvons sous cette tente, nous formons une grande famille » a déclaré Gladys, Psychologue à l’UNFPA, à l’ouverture de la séance. . « Ici nous ne sommes plus des femmes autochtones, ou des Centrafricaines et des Congolaises. Nous formons un même peuple » a-t-elle ajouté.

Après une brève introduction, une discussion animée a débuté sur le sujet de la jeune fille vivant dans un camp de réfugiés. Plusieurs questions notamment sur le planning familial, les violences faites aux femmes, comment éviter les grossesses précoces ainsi que les traitements des IST.  Il a été noté la précocité des rapports sexuels, illustrés par les données du CSI de Bétou où les jeunes filles donnent naissance dès l’âge de 12 ans.  Interrogée sur les raisons de cette précocité, Madou, 16 ans a répondu que ses parents étant absents, il n’y avait personne pour l’éduquer sur cet aspect de la vie et prendre en compte ses besoins. Une autre fille a affirmé que les besoins et le matériel étaient la cause de la précocité de sa vie sexuelle, mais aussi la pression subie de la part des amies. « Quand tu vois que ta copine a un petit ami qui lui donne de l’argent et des habits, ça te pousse à faire comme elle. »

Interrogées sur ce qui pourrait être fait pour qu’elles n’aient plus ces relations en échange de l’argent, elles ont fourni différentes réponses. « L’un des moyens est une sensibilisation plus accrue du genre de celle que nous recevons de la part de l’UNFPA. Cette sensibilisation ne doit pas s’arrêter lorsque nous aurons terminé cette campagne sous cette tente. J’aimerais partager avec mes amies et même avec parents ce que j’ai appris» a expliqué Miriam. D’autres par contre ont réclamé des opportunités telles que l’accès à une meilleure éducation et à l’apprentissage de nouveaux métiers.

L’UNFPA est présent à Betou et ses environs depuis 2009 et s’efforce avec ses partenaires à contribuer à améliorer les conditions de vie de milliers de réfugiés et des populations locales à travers l’assistance humanitaire en santé de la reproduction et en matière de lutte contre les violences basées sur le genre.

Avec la présence de réfugiés, les actions de l’UNFPA dans cette localité doivent être renforcées. À ce jour,  les besoins demeurent importants et nécessitent d’être couverts. Il serait mieux de se pencher sur les témoignages de ces jeunes filles sous la tente et investir dans leur futur. A l’inverse, comme l’a déclaré Willy, réfugié de la RDC, on risque d’avoir des grands problèmes. Et d’ajouter « Nous devons mettre fin à la sexualité précoce. J’essaie de protéger mes filles du mieux que je peux , et j’ai encore espoir de les voir grandir sans subir des conséquences ».