Au cours d’une récente visite à Bétou, ville située dans le Département de la Likouala au nord de la République du Congo, une observation très rapprochée du métier de sages-femmes a été réalisée dans le plus grand centre de santé de la ville. Là, nous avons rencontré le médecin chef, le Dr Etienne Ngoyo qui est à la tête du centre depuis 2005, nous avons aussi fait la connaissance de deux des six sages-femmes travaillant actuellement dans le centre, et nous avons appris comment elles se servent de leurs mains sacrées pour faire naitre les bébés du ventre de leurs mamans à ce monde.
Le Dr Ngoyo a expliqué que lui et son staff doivent assurer plus de 2000 consultations chaque mois au cours duquel 100 et 120 accouchements sont pratiqués. Et d’ajouter : « les grossesses des adolescentes sont un grand problème ici à Bétou, y compris chez les réfugiées. Nous n’avions jamais vu de tel, avec des filles accouchant dès l’âge de 12 ou 13 ans, souvent par césarienne ».
L’UNFPA a commencé à intensifier son action à Bétou en 2009 avec la nécessité de gérer le flux important des réfugiés en provenance de la République Démocratique du Congo. Depuis lors, le centre a reçu plusieurs lots de médicaments essentiels, consommables, matériel et équipements médicaux. Depuis début 2016, grâce à l’appui de l’UNFPA, il est maintenant possible de réaliser des échographies à Bétou. Par ailleurs, l’UNFPA a permis de renforcer le personnel du CSI de Bétou avec le déploiement de deux sages-femmes entièrement prises en charge.
D’après le rapport annuel de l’UNFPA sur l’Etat de la Population Mondiale en 2015, environ 75% du total mondial des décès de femmes à l’accouchement survient dans des régions affectées par des crises humanitaires. Grâce aux efforts de l’UNFPA et de ses partenaires, les décès de femmes de suites d’accouchement sont très rares à Bétou. Voici ce que dit le Dr Ngoyo sur le sujet : « Ici dans notre centre de santé, les décès de femmes suite aux accouchements sont très rares et depuis 2014, nous n’en avons enregistré aucun. Nous avons connu des décès de nouveau-nés, mais ceci est surtout dû au fait que les mères viennent nous voir à la dernière minute ».
Solange, une des Sages-femmes recrutées par l’UNFPA, alors qu’elle préparait une femme enceinte pour un accouchement programmé disait ceci : « je travaille comme sage-femme depuis 24 ans et j’aime mon travail. A ce jour, j’ai perdu le décompte du nombre de bébés que j’ai aidé à venir au monde mais ça doit être plus de 1000 ».
Solange continue en expliquant que certains mois, plus de 145 naissances ont lieu au centre, une situation représentant un gros défi à cause du manque de sages-femmes.’’ Au total nous sommes six infirmières assurant les accouchements, et comme nous sommes en sous-effectif, nous sommes forcées de travailler pendant plus de 24h. C’est vraiment difficile, mais nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à faire notre travail.
Sa collègue, Emilie, une sage-femme travaillant pour l’ONG canadienne ‘’Terre sans frontière’’ est du même avis et explique qu’elle est épuisée d’avoir travaillé pendant presque 24h ce jour. ‘’Les longues heures de travail sont si épuisantes que certains jours on se demande comment on va tenir, mais après, il n’y a rien de plus beau que de tenir un nouveau-né dans ses bras. A côté des longues heures de travail nous avons grand besoin de nouvelles tables d’accouchement, puisque plusieurs sont déjà rouillées et ne sont plus complètement opérationnelles, cependant, malgré ces difficultés, nous faisons de notre mieux’’.
Dr Ngoyo a salué l’action de l’UNFPA, et a insisté pour une plus grande assistance en termes de ressources humaines notamment les sages-femmes. Avec la forte dynamique des populations dans la zone, les besoins de cet établissement sanitaire sont importants.
Quelques données sur les activités de l’UNFPA à Bétou (Juin 2014 – Décembre 2015)
- 4348 femmes bénéficient de consultations prénatales
- 1974 accouchements assistés
- 577 nouvelles bénéficiaires du planning familial
- 1071 kits accouchement individuels distribués