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Les « Analyses diagnostiques des actions et perspectives genre au Congo ». C’est est le thème d’une étude menée par Mme Epiphanie HOUMEY EKLU-KOEVANU, Consultante internationale, et Dr Carmel MATOKO MIAMBANZILA, Consultante nationale, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Cette étude approfondie s’inscrit dans la perspective de la mise en place d’une  programmation  conjointe  genre au sein du Système des Nations Unies en République du Congo afin de contribuer à relever les défis persistants concernant la réalisation de l’équité de genre et du développement durable inclusif. 

Validé par les Chefs d’agence des Nations Unies au Congo et présenté à trois Directrices Générales du Ministère de la Promotion de la Femme et de l’Intégration de la Femme au Développement à la Maison de la Femme, respectivement les 4 et 5 novembre dernier, ce document montre que plusieurs défis doivent être relevés pour « construire une société plus juste et respectueuse de la dignité des femmes et des hommes ». Parmi les difficultés relevées, il y a entre autres, la faible intégration de l’approche genre dans les actions des différentes institutions, la réduction considérable des ressources allouées à la promotion de la femme, la féminisation de la pauvreté, l’enracinement des violences basées sur le genre, notamment les violences sexuelles ; les discriminations entravant l’émergence et l’éclosion du leadership féminin dans le secteur économique, la précarité et la vulnérabilité des femmes représentant la majorité de la main d’œuvre agricole, la présence quasi absente des femmes dans l’industrie extractive (0,5%) et manufacturière (1,2%).

L’on peut citer aussi la persistance des stéréotypes sexistes dans les médias, l’accès limité à l’eau et à l’énergie notamment dans les zones rurales  et la déperdition scolaire des filles au niveau du lycée et de l’enseignement supérieur. Avec 426 décès maternels pour  100 000 naissances vivantes,  le taux de mortalité maternelle reste encore très élevé. La faible représentativité des femmes aux instances de prise de décision (14 .28% au Gouvernement et 11,1% au Parlement), etc. sont parmi les problèmes identifiés. Faut-il souligner que la situation des femmes et filles autochtones, vivant notamment en marge du système de santé (2%) du fait des discriminations dont elles font l’objet, est encore plus préoccupante.

 

Il ressort de la revue  que les différentes actions du Système des Nations Unies et ses partenaires au Congo sont en cohérence avec les politiques nationales et en adéquation avec les besoins exprimés par le Congo. En revanche, ces actions ne couvrent pas tous les besoins du pays en matière de  promotion de l’égalité. De plus, les conditions de pérennisation de ces actions sont à renforcer étant donné que les bénéficiaires ne sont pas suffisamment préparés à assurer la durabilité des projets, faute d’appropriation et de ressources financières nécessaires. 

Face à la persistance des grandes disparités susmentionnées au détriment des femmes,  le Congo est appelé à agir sur des leviers considérés comme les déterminants essentiels dans la réalisation de l’égalité entre l’homme et la femme en milieu urbain et rural. Les interventions multiformes, à préconiser, doivent contribuer à éliminer les discriminations et les violences sous toutes leurs formes afin de permettre aux femmes et aux groupes vulnérables de pouvoir jouir de tous leurs droits. L’étude préconise le renforcement des conditions d’une éducation et d’une formation professionnelle pour favoriser leadership professionnel des femmes en quantité et qualité ; et le renforcement de la capacité des femmes en connaissances et en ressources de production dans des domaines clé de l’économie (l’agriculture, la technologie, l’industrie, l’entrepreneuriat).

Il est aussi impérieux de renforcer les capacités des services de santé à offrir des soins, services et informations de qualité ; de renforcer le leadership féminin dans les instances de décision ; d’appuyer les institutions étatiques, les communautés et les ONGS à intégrer de façon systématique l’approche genre dans leurs interventions. Les Chefs d’agence du système des Nations Unies au Congo, tout en acceptant les différentes contributions des autorités nationales et des partenaires techniques et financiers visant l’amélioration de ces analyses, vont s’atteler à soutenir le Congo dans l’élaboration et la mise en œuvre des programmes innovateurs en matière de genre. Les agences des Nations Unies ont, en outre, souscrit à l’une des recommandations des consultantes liée à la nécessité de renforcer la coordination avec la partie nationale d’une part, celle entre les agences des Nations Unies et les a Partenaires techniques et financiers (PTF) de l’autre, pour plus d’efficacité et d’efficience des interventions.