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Dossier spécial sur les populations autochtones du Congo

Ce dossier spécial a pour but d'attirer l'attention sur les populations autochtones de la République du Congo, suite à la présentation de la nouvelle loi du Congo sur la protection et la promotion des populations autochtones par le Ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, M. Bienvenu OKIEMY, à la 10ième session de l'Instance des Nations Unies sur les questions autochtones, qui s'est tenue à New York, du 16 au 27 mai dernier.


Ci-dessous sous trouverez:

l'article publié par l'UNFPA sur les populations autochtones du Congo;

la présentation du documentaire Mouato: la vie des femmes autochtones du Congo, réalisé avec l'appui de l'UNFPA;

les discours prononcés par le Ministre et le Représentant de l'UNFPA à New York.


Article

Protégér les populations autochtones du Congo

La faible utilisation des services de santé de la reproduction menace leur existence.

Nations Unies, New York - Les habitants autochtones des forêts de la République du Congo sont menacés d'extinction, alerte David Lawson, Représentant du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) dans ce pays. Les résultats récemment publiés du recensement général de la population de 2007 révèlent que les populations autochtones au nombre de 43,500 âmes représentent seulement 2% de la population, une diminution considérable comparée à l'estimation précédente de 10%.

Le travail de M. Lawson avec les leaders nationaux et départementaux visant à promouvoir et protéger les droits des populations autochtones du Congo était au cœur de la discussion d'un événement, le 18 mai 2011, en marge de la 10è session de l'Instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones. Cet événement a été l'occasion de présenter pour la première fois le documentaire produit par l'UNFPA, Mouato - La vie des femmes autochtones au Congo.

Le plaidoyer en faveur des peuples autochtones a culminé en février dernier avec l'adoption d'une nouvelle loi protégeant les droits de ces populations en République du Congo. Il s'agit de la première loi de ce genre en Afrique. A ce titre, le Représentant Spécial du Secrétaire-Général pour les peuples autochtones, M. James Anaya, l'a considéré comme étant une des « meilleures pratiques » du continent. « C'est une loi révolutionnaire », a affirmé durant l'événement le Ministre congolais de la Communication et des Relations avec le Parlement, Porte-parole du gouvernement, M. Bienvenu Okiemy. « C'est la première du genre en Afrique et elle servira de modèle pour la protection des droits des peuples autochtones dans le reste du monde. »

Un mode de vie en danger

La plupart des populations autochtones du Congo appartiennent au groupe ethnique Baaka. Vivant traditionnellement dans les forêts, leur nombre a diminué dramatiquement ces dernières années alors que leur mode de vie - et leur existence même - s'est vu menacé par l'empiètement sur leurs habitats et l'augmentation des interactions avec les Bantus, le groupe ethnique prédominant dans le pays, qui a conduit à leur dépendance.

Par définition, les peuples autochtones comme les Baaka vivent en marge de la culture dominante et maintiennent une identité distincte façonnée par leur environnement et leur histoire.

« La Terre non seulement contient leur histoire et leur identité mais leur fournit aussi de quoi s'alimenter», a dit M. Okiemy. « C'est une chose sacré et inaliénable. La survie des peuples autochtones est entièrement liée à l'entretien et au contrôle de leurs terres. » La nouvelle loi congolaise permet la mise en place de mesures spéciales pour reconnaitre et protéger le droit à la terre des populations autochtones, souvent sujettes à l'exploitation. Sans cette possibilité de revendiquer leurs terres, beaucoup d'autochtones sont contraints de travailler quotidiennement comme ouvriers dans les fermes de leurs voisins Bantus, avec pour seule rémunération un vieux vêtement ou un ustensile choisi au hasard. Les populations autochtones du Congo sont parmi les citoyens les plus pauvres du pays et en proie à une extrême pauvreté.

Risques liés à la santé de la reproduction 

Leur vulnérabilité est aggravée par leur isolement géographique. Vivant dans la forêt, loin des routes, les populations autochtones n'ont, bien souvent, pas accès à l'éducation ou aux services de santé. Le manque de sensibilisation sur les questions de santé augmente les risques de maladie et de malnutrition. 

Le Représentant de l'UNFPA, M. Lawson, affirme que l'incapacité à résoudre le problème de la faible utilisation des services de santé de la reproduction chez ces groupes marginalisés peut menacer leur existence. Moins de 18% des femmes autochtones en République du Congo reçoivent des soins prénatals et seulement une femme sur quatre accouche à l'hôpital. La plupart accouche dans la forêt ou dans leur village, parfois seule, ce qui augmente le risque pour la mère et l'enfant. Avec 781 décès pour 100,000 naissances vivantes, la mortalité maternelle est élevée dans l'ensemble du pays. Bien qu'aucune donnée spécifique aux peuples autochtones ne soit disponible (une enquête est prévue), les risques liés à l'accouchement sont clairement plus élevés chez les Baaka. 

Vivant dans les départements où le VIH/Sida est plus répandu, les populations autochtones sont de plus en plus exposés à l'infection du VIH - et la majorité manque d'information et de services pour se protéger. Seuls 11% des adolescents connaissent les modes de transmission du VIH. Plus de la moitié (60%) n'ont jamais vu un préservatif. Les violences sexuelles sont également présentes, des femmes autochtones rapportant parfois être violées sur le chemin du travail.

Un certain nombre de facteurs contribue à la faible utilisation des services de santé de la reproduction par les femmes autochtones, selon M. Lawson. Nombreuses d'entre elles vivent dans la forêt et n'ont jamais été exposées à des services de santé. Leur mode de vie traditionnel nomade -- groupes qui se déplacent dans la forêt en chassant et faisant la cueillette - complique la prestation de tels services. Le manque de connaissance des services de santé ajouté à une réticence aux méthodes modernes font que de nombreuses femmes autochtones ne recherchent pas ces services. Ces femmes peuvent également êtres confrontées à des discriminations et au rejet de leurs croyances traditionnelles de la part du personnel de santé, ce qui les incitent encore moins à utiliser les cliniques modernes.

"Il y a beaucoup de tabous culturels", a expliqué M. Okiemy. « Ils préfèrent souvent la médecine traditionnelle». Et d'ajouter : «Nous devons faire des efforts pour combiner les systèmes de croyances traditionnels avec les pratiques modernes de la médecine.»

Perspectives

M. Lawson a salué le gouvernement pour la loi progressiste protégeant les droits des populations autochtones, la qualifiant d' « avancée majeure » et appelant à sa mise en œuvre rapide: « Nous allons intensifier notre soutien aux populations autochtones et appuyer le gouvernement et la société civile dans la mise en œuvre de cette loi. Les peuples autochtones font partie du patrimoine culturel de l'humanité. Nous devons nous assurer que leurs traditions culturelles soient préservées tout en les encourageant à profiter des services modernes. Ils doivent être protégés coûte que coûte.»

L'UNFPA a développé un plan stratégique d'action pour soutenir les populations autochtones au Congo, incluant:

• Soutien technique et financier au Forum International des Populations Autochtones de l'Afrique Centrale 

• Plaidoyer en faveur du renforcement de la participation des représentants des populations autochtones aux processus de décisions à tous les niveaux du gouvernement ; 

• Plaidoyer en faveur d'une implication accrue des populations autochtones, particulièrement aux processus de décisions économiques, sociaux et politiques ;

• Production d'un documentaire sur les femmes autochtones ;

• Soutien des programmes d'intensification de la prévention du VIH/Sida à destination des populations autochtones ;

• Formation de relais communautaires pour inciter les femmes enceintes à se rendre aux centres de santé ; 

• Réalisation d'une enquête qualitative conjointe UNICEF/UNFPA sur les conditions de vie des femmes autochtones et la santé reproductive des filles et des femmes en âge de procréer.

Présentation du film "Mouato: la vie de femmes autochtones au Congo"

La population du Congo est majoritairement composée de Bantous. Dans le pays, les populations autochtones sont victimes de discriminations multiformes. Afin de protéger et promouvoir les droits de cette minorité, le gouvernement a promulgué une loi début 2011.

A travers ce documentaire, le Fonds des Nations Unies pour la Population a souhaité montrer la vie des populations autochtones du Congo, en mettant un accent particulier sur les femmes. Ces dernières, qui représentent plus de la moitié de cette minorité dans le pays, sont particulièrement vulnérables. Elles sont confrontées aux mariages précoces et à l'absence de planification familiale, entrainant des grossesses non désirées, sous l'âge de la majorité. Par ailleurs, elles sont souvent réticentes à la fréquentation des services de santé pour des raisons socioculturelles ce qui explique de nombreux cas de décès maternels et néonatals.

Ce film documentaire est un plaidoyer pour sensibiliser la communauté nationale et internationale à leur cause et rappeler qu'il est encore temps de venir en aide à cette minorité menacée d'extinction.

Ce film a été réalisé et produit en République du Congo avec l'appui technique et financier de la Représentation nationale du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).

La bande annonce du film bientôt disponible sur ce site.

Discours

Discours du Représentant, M. David Lawson, à l'occasion de la 10ième session de l'Instance des Nations Unies sur les questions autochtones.

Discours du Ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, M. Bienvenu OKIEMY, à l'occasion de la 10ième session de l'Instance des Nations Unies sur les questions autochtones.