Vous êtes ici

40,5 % veuves congolaises interrogées dans une enquête ont déclaré avoir subi des maltraitances imposées par les rites traditionnels dès l’annonce du décès de leurs époux. « Ces rites ont porté sur la privation des repas, les battues, le verrouillage de la chambre conjugale et les injures ».  Lors des veillées funéraires, « 66,8 %  de veuves ont été soumises aux exigences telles pleurer sans cesse, garder la tête baissée, dormir à même le sol sur une natte, se nourrir une fois par jour… ». Après l’inhumation,  67,8% de veuves « ont continué à être maltraitées notamment à travers le bain de purification, le rasage de la tête et des parties intimes, l’obligation de rester enfermées dans la maison ou dormir à même le sol sur une natte ou un pagne… ».

 


 Selon le Centre de Recherche, d’Information et de la Documentation sur la Femme (CRIDF), les 301 femmes de l’échantillon sont en majorité instruites, très croyantes, occupent des logements conjugaux et familiaux et ont des ressources relativement stables. Un atelier de validation des résultats de cette enquête du Ministère de la Promotion de la Femme et de l’Intégration de la Femme au développement, menée par le CRIDF avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), s’est tenu le mercredi 14 octobre dernier dans la salle de réunion du Ministère de la Justice à Brazzaville, sous la supervision de la Directrice Générale du CRIDEF, Mme Joséphine Bakindissa Nsika.

Dans sa communication, Joséphine Bakindissa Nsika a déclaré que le lévirat, pratiqué dans la quasi-totalité des ethnies congolaises, se compte parmi les rites indexés par les veuves. Ainsi, l’enquête atteste que « 76,1 % de veuves ont repoussé la proposition de la belle famille de se marier avec  le frère, le neveu ou un autre membre de la famille du défunt. » Quant à l’appréciation des rites  du veuvage,  près de 69% de veuves « pensent qu’ils sont à bannir parce qu’ils ne servent qu’à se venger des veuves et les déposséder de leur héritage ».

Seulement 26,6 % de veuves ont déjà entendu parler du Code de la famille dont les dispositions relatives aux droits des veuves sont souvent bafouées par les parents des époux. D’après la Directrice Générale du CRIDEF, « il existe un conflit interne entre le respect de la tradition et les rites inhumains infligés aux veuves.  Le manque d’instruction est souvent évoqué comme raison de soumission à ces rites, mais le vécu quotidien révèle que mêmes les femmes instruites en sont à la fois actrices et/ou victimes». En effet, l’enquête a également pointé du doigt « le rôle et la place des femmes (belles-sœurs, belles tantes, belles mères…autres femmes de la communauté) dans la pérennisation de la pratique des rites de veuvage ».