Marie Célestine, Zéphirine, Alice, Adelphine, Roseline, Hélène, Pélagie, Valentine, et Judith ont souffert longtemps et connu des dures épreuves familiales, sociales, et psychologiques consécutives à la fistule obstétricale. Bien que cherchant inlassablement leur guérison, et quoique s'étant déplacées pour se faire soigner au CHU, dans leur esprit, la guérison, elles n'y croyaient plus. Aujourd'hui elles réalisent qu'elles sont effectivement guéries de leur fistule : étonnant ! Leur surprise est grande, et leur joie immense ! Comme pour nous gratifier, elles nous dévoilent leurs projets.
Elles ont « tout » essayé pour s'en sortir : tisane par ci, prière par-ci, cure d'antibiothérapie par-là, cérémonies traditionnelles ailleurs, et chirurgie pour certaines. Ne connaissant ni le nom, ni la cause, ni les services pouvant efficacement assurer la prise en charge de leur maladie au Congo, elles se sont livrées à tout diseur de bonnes aventures. Elles ont dépensé leurs ultimes économies, et quasiment épuisé leur patience. Jusqu'au jour où grâce à la campagne de sensibilisation sur la fistule obstétricale menée par le Comité national de lutte contre la fistule elles découvrent qu'elles pouvaient être soignées gratuitement au CHU de Brazzaville avec le soutien de l'UNFPA Congo.
Valentine, 52 ans, 3 enfants, souffrait beaucoup. Quand elle préparait la nourriture, elle la mangeait seule. Dans son entourage tout le monde refusait de manger sa nourriture parce qu’elle, disait-on, « manipulait les urines à tout moment ». Elle pourra maintenant reprendre sa place de mère et sœur.
Delphine, 23 ans, sans enfant, vit encore aujourd'hui parce que sa mère et son grand frère la surveillent de très près depuis qu'elle avait essayé de se suicider. Elle pensait toujours beaucoup au suicide et avait commencé à consommer de l'alcool, des liqueurs fortes y compris, à inhaler le tabac, pour tenter d'oublier sans jamais y parvenir véritablement. Elle compte aujourd'hui renouer avec l'apprentissage de la coiffure qu'elle avait interrompue juste trois mois après le début, pour devenir autonome et organiser sa vie.
Célestine, 55 ans, 5 enfants, était obligée de ne pas mettre de sous vêtement du tout et rester en position couchée, elle ne pouvait pas marcher aisément à cause des escarres et des boutons que lui causaient les urines entre ses jambes. Elle pleurait beaucoup, rejetée par son mari, sans personne pour l'aider à se soigner ! Aujourd'hui elle est contente de pouvoir de nouveau après plusieurs années mettre un sous vêtement, et rêve de reprendre avec son commerce de revente de légume pour pouvoir prendre soin de ses enfants et petits-enfants.
Ces femmes dont la vie est aujourd'hui transformée, grâce au savoir-faire de l'équipe médicale du CHU de Brazzaville avec l'appui technique et financier de l'UNFPA, ont aujourd'hui le sentiment qu'elles aussi comptent, « Parce que tout le monde compte!».